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littérature anglaise - Page 4

  • Rendez-vous avec la ruse de Julia Chapman

    Rendez-vous avec la ruse

    de

    Julia Chapman

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    "Stuart Lister avait décidé de faire preuve d'initiative. Mais, du coup, il allait mettre sa carrière en péril."

    J'aime donner rendez-vous à des personnages. Une ou deux fois par an. Et parmi ces retrouvailles les plus attendues, figurent celles avec Samson et Delilah.

    Je ne sais pas ce qui me plaît le plus dans leurs aventures. Leur village de Bruncliffe, dans le Yorkshire, entre soutien, ragots et paysages à couper le souffle? Leur chien Calimero?  Leurs enquêtes? Leur femme de ménage, personnage si pittoresque et drôle ? Leurs maladresses?  Leurs connexions avec l'adorable bande de la maison de retraite ?
    Ou serait-ce le thé brûlant et si fort qui semble être leur spécialité ?

    Je crois que pour moi, c'est un peu le mélange de tous ces ingrédients qui fait le charme de cette série policière où chaque tome permet d'avancer dans la connaissance des deux héros et de comprendre un peu mieux le mystère qui entoure le passé de Samson.

    Ici, nos deux détectives se retrouvent confrontés à une affaire d'adultère qui les emmène sur des terrains inattendus. Lors d'une partie de chasse bien loin des fastes d'antan.

    Une manière pour l'autrice de souligner l'évolution des grands domaines. Une manière aussi de montrer l'envers du décor de ces manoirs qui doivent sans cesse se réinventer pour continuer à exister.

    Comme à chaque fois, les pages se tournent toutes seules. Ponctuées de rires et de l'envie furieuse de me retrouver là bas sur ces sentiers verdoyants. Dans ce Yorkshire que j'aimerais tant découvrir. Et que j'ai admiré encore récemment dans la série All creatures great and small. J'ai d'ailleurs apprécié la référence de l'autrice au vétérinaire James Herriott. Un nom qu'elle a donné à son vétérinaire de Bruncliffe. Joli clin d'oeil à cet homme qui a marqué de son empreinte la région.

    Bref, vous l'aurez compris: une nouvelle rencontre réussie avec Samson et Delilah. Vivement la prochaine. Et si vous ne les connaissez pas encore, je ne peux que vous conseiller le premier tome des Détectives du Yorkshire. 

    Robert Laffont, la Bête noire, traduit de l'anglais par Dominique Haas et Stéphanie Leigniel, 416 pages

  • L'Ickabog de JK Rowling

    L'Ickabog

    de

    JK Rowling

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    Dans le royaume de Cornucopia, règne le roi Fred sans Effroi. Il s'est ainsi auto-proclamé sans Effroi après avoir réussi à tuer avec ses soldats une guêpe.

    C'est un roi qui raffole de tenues toutes les plus extravagantes les unes que les autres.

    C'est un roi qui fait confiance à ses deux plus fidèles conseillers, Lord Crachinay et Lord Flapoon. Deux amis prêts à tous les mensonges pour s'enrichir et pour garder le pouvoir. Deux vrais méchants qui vont profiter d'une expédition pour chasser l'Ickabog pour asseoir encore plus leur pouvoir.

    L'Ickabog, ce monstre mythique des histoires qui se transmettent de génération en génération dans le pays. Ce monstre que les parents évoquent pour effrayer leurs enfants. Ce monstre qui va prendre une réalité grâce à ces deux hommes. Une réalité qui légitime une levée d'impôts. Une réalité qui donne sens à nombre d'exactions.

    Mais dans ce conte qui tourne au cauchemar pour les habitants de Cornucopia, il demeure des héros. Et tout reste possible pour qui croit encore.

    J'avais entendu parler de ce titre pendant le premier confinement. Un titre resté longtemps enfermé dans le grenier de JK Rowling et qu'elle avait décidé de partager avec les enfants pendant ce temps hors du temps. Un titre qu'il me tardait de lire. Et l'espace de quelques heures, je suis redevenue moi-même une enfant. Entraînée par la voix de cette conteuse hors pair.

    Il y a de l'humour. Dès les premières lignes. Un humour dans les descriptions des personnages. Dont certaines caractéristiques relèvent du comique. Un humour également dans certaines situations.

    Il y a de la gravité qui se dissimulé derrière la légèreté. Gravité quand on meurt à cause des caprices des puissants. Gravité quand la violence fait irruption par peur de l'autre.

    Il y a des héros. Qui vont se révéler face aux événements. Protagonistes clés.

    Il y a des anti-héros. Et je ne sais pas pour vous mais ces anti-héros, ces méchants ont toujours été ceux qui donnaient une saveur particulière aux contes. Ici, ils sont particulièrement réussis. Retors, veules, lâches, machiavéliques, dotés d'une bêtise crasse (je pense à Lord Flapoon), ils se révèlent de parfaits antagonistes.

    Il y a cet Ickabog. Monstre mythique. Symbole de différence. Dont l'aura enveloppe l'intrigue d'une certaine atmosphère de mystère.

    Il y a ces pages qui se tournent toutes seules. De rebondissements en rebondissements.

    Il y a ces réflexions autour du pouvoir, autour de la pauvreté, autour de l'autre qui font réfléchir.

    Et déjà, voilà la fin.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai été emportée par ce titre jeunesse que je ne peux que vous conseiller.

    Gallimard Jeunesse, 2020, traduit de l'anglais par Clémentine Beauvais

     

  • L'Auteur! L'Auteur!

    L'Auteur! L'Auteur

    de

    David Lodge

    l'auteur!, l'auteur!, david lodge, payot, rivages, littérature anglaise, biographie romancée, roman anglais, henry james, théâtre, littérature, écriture, roman, georges du maurier

    "Londres, décembre 1915. A Carlyle Mansions, Cheyne Walk, Chelsea, dans la chambre du maître (le mot s'impose) de l'appartement numéro 21, le grand écrivain se meurt lentement mais sûrement. Dans les Flandres, distantes d'à peine trois cents kilomètres, d'autres hommes trouvent au même moment une fin plus rapide, plus douloureuse, plus pitoyable-de jeunes hommes, pour la plupart, qui avaient encore la vie devant eux, page blanche condamnée à ne jamais être remplie."

    L'auteur se meurt.
    Dans son superbe appartement de Chelsea.
    Lente agonie de deux mois entre décembre 1915 et février 1916.
    Une agonie auprès de sa famille américaine. Entouré de ses fidèles serviteurs.
    Une agonie marquée par l'éclat d'une distinction.
    Comme une ultime révérence à celui qui a tant souffert du succès des autres.
    A commencer par celui de son meilleur ami George du Maurier.

    Construit sous la forme d'un voyage dans le passé avant de revenir au présent des derniers instants, ce titre constitue une biographie romancée de l'auteur Henry James. Elle commence dans les années 1880. Avec ces promenades d'Henry James et de George du Maurier. Dans les collines de Hampstead vers ce "banc des confidences" où les amis se livrent l'un à l'autre.
    Henry savoure la compagnie de ce dessinateur de talent dont les croquis remportent de francs succès dans le journal Le Punch.
    George admire la plume de son ami et son talent littéraire.
    Les années passent.
    Années de rencontres, de deuil, de culpabilité, de tâtonnements créatifs.
    Années de succès inégaux. Du Maurier se tourne vers les lettres et voit son second roman Trilby remporter tous les suffrages alors que James vacille.

    Réflexion sur la condition d'artiste et sur la difficulté de conserver une amitié en cas de réussite inégale.
    Immersion dans le milieu artistique de la fin du 19ème siècle.
    Description du monde théâtral et de l'ambiance des salles de spectacle.
    Étude de l'existence d'Henry James, de sa vision du monde et de ses relations, notamment aux femmes comme sa sœur Alice ou Fenimore.
    Portrait d'un homme en proie au doute.
    Récit dense, drôle et émouvant.
    Voyage en Angleterre et en Europe.

    Ce livre se veut aussi un hommage de David Lodge à Henry James. Hommage à ses écrits. Hommage à son parcours. Hommage d'un écrivain à un autre. Hommage rendu encore plus prégnant par un décroché narratif. Comme seule la fiction le permet.

    Il s'agissait du premier roman de David Lodge que j'ouvrais et j'ai été emportée par sa plume. Par sa manière de conter un homme tout en complexité et en paradoxes et de nous faire ressentir toutes les émotions qui l'étreignent. Par son talent pour orchestrer des scènes plus intimes comme des tableaux d'ensemble. Par son humour. Par son sens des images comme cette silhouette de Du Maurier au loin.

    Bref, une merveilleuse lecture pour commencer 2021. J'ai maintenant très envie de me lancer dans certaines œuvres d'Henry James et de ses contemporains. Et de poursuivre ma découverte des ouvrages de David Lodge.
     
    Editions Payot & Rivages, 2005, traduit de l'anglais par Suzanne V. Mayoux